« Mes parents soutiennent que Lake Joe m’a sauvé parce que j’étais en colère et malheureux quand ma vision a changé », affirme Derek Thompson. « Mais lorsque j’ai commencé à fréquenter Lake Joe, ces sentiments se sont dissipés et j’ai commencé à mûrir. »
Près de 35 ans après, Derek Thompson se souvient encore de sa première visite au Camp Lake Joe d’INCA.
« Je venais de perdre la vision et je ne connaissais personne d’aveugle. Andy Murie (ancien directeur d’INCA à Belleville) m’a recommandé de visiter au Lake Joe », se souvient Derek. « Je suis tellement reconnaissant qu’il ait donné cette suggestion à mes parents et qu’ils aient été prêts à déposer un jeune de 15 ans au camp pendant six semaines. »
Au cours de son premier été au Lake Joe, Derek a rencontré Shawn Dale, l’un de ses plus proches amis.
« Shawn et moi étions compagnons de chambre. Il était un jeune punk aux cheveux longs et aux shorts en jean coupés, et j’étais le gars avec une grosse coupe afro et des chaussures neuves qui écoutait du R&B et du Motown », raconte Derek. « Nous avons fini par échanger de la musique, et cela a été la pierre d’assise de notre amitié. Aujourd’hui encore, nous nous envoyons chaque semaine différents types de musique ! »
Derek est retourné au Camp Lake Joe d’INCA en tant que membre du personnel au cours des cinq étés suivants, gravissant les échelons de conseiller en formation à conseiller principal.
« Je travaille dans le secteur de l’enfance et de la jeunesse depuis 22 ans, et je continue à dire que le meilleur emploi que j’ai eu est celui de conseiller de camp au Lake Joe », déclare Derek. « J’utilise encore toutes les qualités de chef que j’ai acquises au camp. Le temps que j’ai passé en tant que conseiller m’a mis sur la voie du service communautaire. »
En tant que conseiller, Derek a appris l’alphabet manuel à deux mains (une méthode de communication pour les personnes sourdes-aveugles).
« J’étais fasciné par cette compétence de communication, et je demandais aux intervenants de m’en apprendre davantage, afin de pouvoir dialoguer avec les clients », explique Derek. « Lorsque j’ai déménagé à Toronto à 19 ans, je suis devenu intervenant auprès des personnes sourdes-aveugles grâce aux compétences que j’ai acquises et pratiquées au Lake Joe. »
Aujourd’hui, il travaille toujours comme intervenant au Camp Lake Joe d’INCA chaque été.
« Lorsque vous prenez le temps de vous asseoir avec quelqu’un pendant dix minutes, de vous rapprocher de lui et d’écouter son récit, cela change la vie », ajoute-t-il. « Vous ne savez pas si c’est leur première fois au camp, leur dernière fois ou leur meilleure fois. Vous ne savez pas quel impact vous laissez à quelqu’un. »
En 2016, Derek a été officiellement invité à devenir membre du conseil consultatif du Camp Lake Joe d’INCA.
« Pour moi, le Camp Lake Joe d’INCA offre un monde de possibilités infinies. Quelle est la chose que vous avez toujours voulu faire et que les gens disaient que vous ne pouviez pas faire ? Ou quelle est cette chose que vous avez toujours pensé “oh, ça ne marchera pas pour moi parce que je suis aveugle” ? Quelle que soit cette chose, elle peut être faite au Lake Joe », déclare Derek. « De la cuisine au camping ou encore à l’exploration de sentiers naturels, en passant par le ski nautique — si vous avez le courage de dire “Je vais essayer”, vous pouvez tout faire. »
Il raconte l’histoire d’une campeuse qui a toujours voulu apprendre à faire du ski nautique mais qui n’en a jamais eu l’occasion à cause des suppositions et des craintes des autres concernant la surdicécité
« Quand elle est arrivée à Lake Joe, nous lui avons donné la formation, et elle a pu monter sur des skis. Les employés ont pris des photos pour qu’elle les ramène chez elle et les montre à sa famille », explique Derek.
Le Camp Lake Joe d’INCA est plus qu’un espace physique, c’est une communauté très unie.
« Ce sont vraiment les relations qui s’y nouent qui vous rappellent sans cesse », déclare Derek.
Il se souvient d’une farce amusante que son défunt ami, Bill Vastis, lui a faite.
« J’ai toujours hésité à participer au concours d’amateurs, mais Bill téléphonait au Lake Joe depuis Mississauga et demandait à la réception de me mettre sur la liste du concours sans que je le sache ! Et maintenant, en son honneur, c’est mon privilège de participer au concours d’amateurs quand je le peux. »
Chaque année, Derek et sa famille se rendent au Camp Lake Joe d’INCA pour vivre des moments mémorables.
« Mes enfants (de 14 et 16 ans) sont tombés amoureux de l’endroit. Ils se sont fait des amis et ont perfectionné leurs propres compétences, et maintenant ils veulent y travailler », explique Derek. « Leur exposition à des personnes ayant des besoins divers, je crois, a fait d’eux des personnes plus compatissantes et empathiques. »
Lorsqu’on lui demande de décrire Camp Lake Joe d’INCA à d’autres personnes, Derek répond que c’est un endroit qui offre une foule de possibilités.
« Qu’il s’agisse d’une expérience personnelle ou professionnelle, de détente ou d’aventure, Camp Lake Joe d’INCA vous permet de donner votre pleine mesure. »