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Connaissez vos droits : faites la rencontre de Jacob

Lorsque le Chartered Financial Analyst (CFA) Institute a refusé à Jacob Charendoff une demande d'adaptation, il a déposé une plainte auprès de la Commission ontarienne des droits de la personne. Nous avons parlé avec Jacob du processus et de ce qui l'a motivé à déposer une demande officielle. 

1. Parlez-nous du programme auquel vous êtes inscrit.

Je voulais me lancer dans le secteur des banques d'investissement et du capital-risque, et j'avais donc l'intention d'obtenir le titre d'analyste financier agréé. Le Chartered Financial Analyst (CFA) Institute est un programme autodidacte avec un examen final. J'ai fait une demande pour passer le premier niveau de l'examen de CFA Institute et j'ai suivi son processus de demande d'adaptation, qui consistait à obtenir une référence médicale d'un professionnel qui jugerait des mesures d’adaptation qui me seraient appropriées.

2. Racontez-nous ce qui s'est passé lorsque vous avez fait une demande d’adaptation au CFA Institute. Quelles étaient vos demandes et quelle a été la réponse? 

J'ai demandé de pouvoir utiliser une police à gros caractères et un iPad qui me donne accès aux fonctions d'accessibilité d'Apple sur la calculatrice financière - et du temps supplémentaire. J'ai également demandé à passer l'examen dans une salle privée. 

Au début de l'année 2019, j'ai appris que toutes mes demandes d’adaptation ne seraient pas satisfaites. Le CFA a refusé ma demande d’utilisation d’une police à gros caractères et de la calculatrice iPad. 

Le CFA justifiait son refus d’agrandir la taille de la police pour ne pas fausser le format de son examen. L’institut était également préoccupé par les aspects de sécurité que soulevait l’utilisation de la calculatrice numérique sur un iPad. 

En guise de solution de rechange, ils m'ont proposé un lecteur, un transcripteur et une loupe, ce qui ne me convenait pas, et je pensais que les modifications suggérées dans ma demande de mesures d'adaptation m'auraient encore plus mis « hors-jeu ».  
 

Jacob Charendoff sourit pour la prise de photo. Il porte un élégant veston bleu.
Jacob Charendoff

3. Comment vous êtes-vous senti?

Au début, c'était vraiment difficile. J'ai ressenti des vagues d'émotions allant de la frustration à la colère en passant par le sentiment d'être dépassé. On pourrait penser que nous sommes dans une société qui favorise l'accessibilité, mais j'étais face à la réalité, à savoir que ce n'est pas le monde dans lequel nous vivons. J’ai remis en question ce que signifie réellement l'inclusion.

4. Récemment, INCA a dévoilé le projet Connaissez vos droits, de l’information juridique vulgarisée ainsi que des ressources (financées par la Fondation du droit de l’Ontario) pour outiller les Ontariens qui sont aveugles, qui ont une vision partielle ou qui sont sourds et aveugles. Cette information et ces ressources ont pour but de les aider à mieux comprendre leurs droits, à s’y retrouver dans le système juridique ontarien et à défendre leurs droits pour contrer la discrimination. Comment avez-vous compris vos droits et la démarche à suivre après le refus de vos demandes de mesures d’adaptation ?   

C'était vraiment intuitif. J'ai eu le sentiment que mes droits avaient été violés et j'ai eu le sentiment profond que c'était une injustice. Les personnes qui travaillent ou ont travaillé dans le domaine juridique avec qui j’ai parlées, m’ont donné la motivation et la confiance nécessaires pour déposer une plainte officielle. Je suis aussi très reconnaissant envers le réseau de personnes qui m'a soutenu et continu de me soutenir dans ma recherche d’égalité. 

5. Pourquoi avez-vous décidé de déposer une plainte officielle? 

Dès mon plus jeune âge, il était important pour moi d'aider à défendre la communauté et de permettre à toute personne en situation de handicap d'être toujours sur un pied d'égalité. 

J'ai toujours pensé qu'il fallait repousser les limites pour faire place au changement. Je crois que le changement vient vraiment de la combinaison de la ténacité, de l'énergie et de la passion.

Tout l’enjeu de ce différend c'est un changement de politique, du moins c’est ce que je recherche. Je ne veux pas que d'autres aient à se voir imposer ce genre de solution générale qui n’a pas de sens. Nous sommes tous des êtres à part entière et nous avons besoin de mesures d’adaptation individuelles. À mon avis, et à celui de bien d'autres personnes, il n'y a aucune raison qu'une institution ou une organisation ne puisse pas offrir des mesures appropriées à ceux qui en ont besoin. 

6. Avez-vous consulté quelqu'un avant de remplir la « requête » que vous avez déposée auprès du Tribunal des droits de la personne de l'Ontario? 

Le processus de requête est extrêmement rigoureux et difficile. Il s'agit d’un document de plus de 20 pages très procédurier. J'ai eu la chance d'avoir un ancien avocat pour m'aider à m’y retrouver dans le processus dès le début. 

J'ai appelé le Tribunal des droits de la personne de l'Ontario, et bien que je comprenne qu'ils reçoivent un grand nombre de demandes, j'ai été un peu laissée en plan, en ce qui concerne la manière de procéder pour déposer ma requête.

D'un point de vue juridique il est difficile de se représenter soi-même à ce stade et de monter un dossier. Il est très important d'avoir un système de soutien en place pour être en mesure de faire présenter son dossier dans un document juridique convaincant. 

7. Comment s'est déroulé le processus jusqu'à présent? Avez-vous une idée du temps qu'il vous faudra pour que votre demande soit entendue par le tribunal? 

Le processus a été plus rapide que je ne l’aurais cru. Il n'y a pas de règlement en vue de quelque façon, mais - en ce qui concerne ce que le tribunal a fait pour faire avancer les choses - cela va plus vite que je ne le prévoyais. 

8. Que diriez-vous à une autre personne qui pense que ses droits ont été bafoués?  

Prenez le dessus sur vos émotions. Il est naturel que votre première émotion soit la colère. Si vous pouvez mettre cette colère de côté et aborder la situation avec calme et circonspection, je crois que vous irez beaucoup plus loin dans le résultat que vous souhaitez obtenir. 

9. Quels sont vos espoirs quant au résultat escompté? 

J'aimerais que le CFA apporte des changements de politique en ce qui concerne les mesures d’adaptation, les processus de demande et la prestation de l’examen. 

J'aimerais également mettre en lumière cet enjeu à une plus grande échelle. Je suis convaincu que ce n'est pas la seule institution qui laisse pour compte les personnes qui ont besoin de mesures d’adaptation pour réussir. Tout le monde parle d'accessibilité et d’inclusivité, mais il est difficile de voir ce que cela signifie vraiment - transformer ces beaux mots en solutions concrètes, c'est ce que je recherche vraiment. 

Pour en savoir plus sur l'histoire de Jacob, allez sur le site de CBC News cbc.ca (en anglais).