Réponse de la Fondation INCA : consultation du ministère des Transports de l’Ontario sur les trottinettes électriques – septembre 2019

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INCA Ontario est heureux d’avoir l’occasion de répondre au gouvernement concernant un projet pilote de trottinettes électriques en Ontario. On dénombre plus de 681 000 Ontariens qui sont aveugles ou ont une vision partielle et de nombreux autres piétons vulnérables qui vivent avec d’autres handicaps.

Étant donné les risques potentiels pour la sécurité auxquels des trottinettes électriques pourraient exposer les piétons vivant avec une perte de vision, nous ne sommes pas favorables à l’introduction de trottinettes électriques sur les routes de l’Ontario.

Cependant, comme la consultation gouvernementale vise à établir comment – plutôt que si – autoriser les trottinettes électriques à circuler dans la province, nous formulons nos commentaires sur la prémisse de mesures pouvant être prises pour atténuer les risques auxquels s’exposeraient les Ontariens aveugles ou ayant une vision partielle. Nos commentaires se classent en deux grandes catégories : la circulation des trottinettes sur les trottoirs et la réglementation des trottinettes électriques.

Circulation de trottinettes électriques sur les trottoirs
Nous sommes d’accord avec la proposition mise de l’avant par le gouvernement, à savoir que la circulation des trottinettes électriques ne devrait être autorisée que sur des routes similaires à celles où il est permis de circuler à vélo, car une trottinette électrique circule à une vitesse plus comparable à celle d’un vélo que d’une voiture ou d’un piéton. Cependant, rouler à vélo sur les trottoirs est un problème omniprésent dans la province qui représente un risque pour les piétons vivant avec une perte de vision. En effet, ces derniers ne sont pas nécessairement en mesure de voir un cycliste ou une trottinette électrique s’approcher d’eux sur le trottoir ou encore d’entendre une trottinette électrique les approchant de l’arrière. Cela peut mener à des collisions avec blessures.

Malheureusement, certains usagers de trottinettes électriques choisiront d’emprunter le trottoir plutôt que la route. Pour cette raison, nous partageons l’avis d’autres intervenants en matière de transports qui revendiquent le plafonnement de la vitesse des trottinettes électriques à 24 km/h, idéalement à 15 km/h, plutôt que le plafond de 32 km/h proposé par le ministère des Transports. Cela correspond à la pratique établie dans plusieurs États américains où les trottinettes électriques sont autorisées et cela correspond davantage à la vitesse moyenne d’un cycliste normal qui partagerait la route avec un usager de trottinette électrique. Aussi, cela signifie que si une personne conduisant une trottinette électrique décidait de circuler sur le trottoir, le risque de causer des blessures plus graves serait réduit par rapport à la vitesse plus élevée de 32 km/h. Rien ne justifie que l’Ontario fixe la limite de vitesse à un niveau plus élevé que ce qui se fait ailleurs.

Notre deuxième préoccupation concernant les trottinettes électriques est le stationnement sur les trottoirs. Cette préoccupation n’est pas abordée dans le cadre de la consultation. Nous nous opposons à tout système permettant aux usagers d’immobiliser leur trottinette électrique où bon leur semble une fois arrivés à destination. Les personnes aveugles ou ayant une vision partielle ont besoin de parcours clairement définis et non obstrués afin de pouvoir se déplacer de façon autonome et en toute sécurité. Permettre le stationnement de trottinettes électriques n’importe où crée un risque de trébuchement et expose à des risques de blessures les piétons, particulièrement ceux qui ne peuvent pas voir qu’il y a risque. Nous recommandons que les trottinettes électriques soient garées dans des stations d’accueil permanentes désignées de façon similaire aux programmes de vélos en libre-service dans diverses municipalités. Un vélo doit être stationné dans un espace de stationnement à vélo et une voiture doit être garée dans un espace de stationnement désigné. Une réglementation similaire s’impose en ce qui concerne les trottinettes électriques.

Réglementation des trottinettes électriques
En regard des éléments précis énumérés dans le projet pilote, nous formulons les recommandations suivantes :

  • La période proposée pour le projet pilote devrait être réduite de cinq ans à un an. Un an est une période amplement suffisante pour recueillir les données et, si des préoccupations majeures surgissent, elles pourront être abordées en temps opportun;
  • Il doit être expressément interdit de circuler en trottinette électrique sur les trottoirs afin de dissiper toute confusion possible;
  • L’âge minimum pour opérer une trottinette électrique doit être fixé à 18 ans, comme c’est le cas ailleurs où les trottinettes électriques sont autorisées sur le territoire;
  • La réglementation permettrait d'atténuer et aborder, au besoin, les risques liés à l’opération de trottinettes électriques par des usagers distraits.

Témoignage
« J’ai une basse vision depuis plus de 50 ans et j’utilise une canne blanche. À de nombreuses reprises, des cyclistes circulant illégalement sur les trottoirs ont failli me heurter. Souvent, ce sont eux qui me fustigent parce que je ne leur libère pas le chemin. Les trottinettes électriques représentent une menace beaucoup plus grande en raison de la vitesse à laquelle elles circulent. Ma grande inquiétude est que les trottinettes électriques compromettent la sécurité des personnes qui sont aveugles ou ont une vision partielle. » – Fran, Ottawa

Personne-ressource :
Kat Clarke
Gestionnaire, Défense des droits et des intérêts et affaires gouvernementales (Ontario et Québec)
Fondation INCA
Tél. : 416 486-2500, poste 7651
Kat.Clarke@cnib.ca

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